A quel âge emmener sa fille chez le gynécologue ?

le 02/05/2018 à 09h47 par  - Lecture en 3 min Ajouter à votre selection
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Le premier rendez-vous chez le gynécologue peut être source d'angoisse pour les jeunes filles. Comment choisir le bon moment et les aider à aborder cette visite le plus sereinement possible? Entretien avec le professeur Brigitte Letombe (1), gynécologue au CHRU Jeanne-de-Flandre de Lille.

A quel âge prévoir un premier rendez-vous chez le gynécologue ?

Brigitte Letombe : L’arrivée des premières règles donne à la maman l’occasion d’aborder le sujet avec sa fille. C’est le moment de lui dire qu’elle est devenue une femme et que si elle se pose des questions sur les transformations de son corps elle peut en parler avec un médecin.

Quel médecin choisir, faut-il obligatoirement consulter un gynécologue ?

B. L.  : Non, la jeune fille peut voir un généraliste, une sage-femme ou se rendre dans un planning familial. Il faut surtout qu’elle se sente en confiance avec le praticien. Elle n’aura peut-être pas envie d’aller voir le médecin de famille, qu’elle consulte régulièrement et qui, par définition, est aussi le médecin de ses parents. Ou peut-être préféra-t-elle une femme… Bien souvent, les mamans choisissent d’emmener leur fille chez leur propre gynécologue. C’est très bien, mais elles doivent savoir que ce qui se passe dans le cabinet est totalement confidentiel. Elles peuvent rester au début de la consultation pour raconter l’histoire médicale de la famille, notamment dans le cas d’une prescription de contraception hormonale, mais il faut ensuite laisser la jeune fille seule avec le médecin. Il est très important de garantir cette confidentialité.

Comment préparer ce premier rendez-vous ?

B. L. Il est primordial d’expliquer à l’adolescente que cette première consultation va lui permettre d’aborder toutes les questions qu’elles se posent sur son corps ou la sexualité, si le sujet commence à l’intéresser. C’est un âge ou beaucoup de jeunes filles pensent qu’elles ne sont pas normales, notamment parce que certaines d’entre elles ont vu des images pornographiques sur Internet (2). Ce premier rendez-vous est donc l’occasion de les rassurer et de créer une relation de confiance. Contrairement à l’idée reçue, le gynécologue ne pratique pas d’examen ce jour-là. Il peut éventuellement faire une inspection gynécologique si la jeune fille le demande.

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Cette première consultation n’est donc pas nécessairement liée à une demande de contraception ?

B. L. : Non, bien sûr. Elle permet surtout de répondre aux inquiétudes et aux interrogations des adolescentes sur les règles douloureuses ou abondantes, la pilosité, la poitrine… les questions sur les changements physiologiques sont bien plus fréquentes que celles sur la sexualité. Ce premier rendez-vous c’est aussi l’occasion d’aborder le contexte et le mode de vie des adolescentes. Nous savons que dans cette tranche d’âge certaines vont mal, avec des troubles du comportement alimentaire, des addictions à l’alcool, au tabac ou au cannabis et il est important qu’elles aient un référent santé pour en parler en toute confiance. Le médecin n’est pas là pour les juger mais pour essayer de comprendre ce qui ne va pas et les aider à grandir.

Ce rendez-vous est d’autant plus important qu’il n’y a pas de lieu où les jeunes peuvent recevoir une éducation affective et sexuelle (3). Dans un rapport remis en 2012 à Jeannette Bougrab nous demandions que cette information puisse se faire dans les établissements scolaires. Nous demandions également que la première consultation chez un gynécologue soit prise en charge à 100%.

Paula Pinto Gomes- Une interview du journal La Croix - Septembre 2016

(1) Coauteur d’un rapport en 2012 sur la sexualité des adolescentsEt si on parlait de sexe à nos ados ? Publié chez Odile Jacob.

(2) Plus d’une fille sur deux ont commencé à consommer de la pornographie avant l’âge de 14ans, selon lerapport Et si on parlait de sexe à nos ados ?

(3) Le docteur Brigitte Letombe a participé à la réalisation d’une brochure sur la première consultation chez le gynécologue , proposée par l’Inpes etl’association SPARADRAP.

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